Pataphysique des corps

"Le doute est un hommage rendu à l'espoir"... Je me retrouve chez ce Lautréamont de nulle part que j'imagine ne presque pas exister hors de ses bouquins (comme je n'existe presque pas hors du petit cinéma qui me casque). L'histoire - ou est-ce le temps? - fait bien les choses, dit-on. Quelques siècles avant moi peut-être a-t-il eu le plaisir de découvrir un jongleur de mots qu'il aurait travestit pour en arriver à se dire que la vie est belle "comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie".

Si l'avenir n'est plus ce qu'il était, c'est que je le crée à chaque jour... à partir de rien.


Urgences

Une nuit, juste une... tout le temps qu'il faut pour creuser une rivière sur mon visage et ne plus me reconnaître. On ne devrait rien dire des accidents qui éclatent comme le tonnerre sinon qu'ils arrivent.

À l'hôpital, sur le seuil, un homme en pièces détachées délire : "I don't wana come in here, I was born here!".

Après les sévices, la civière... Je suis mis au brancard.
Béante est la brèche de lumières éteintes.
Je dors dans les bras de morphine...

Point Break

Le 15 mars 1985 n’est pas gravé dans l’Histoire ni même dans mon livre-à-moi... Pourtant ce jour-là un événement majeur-de-rien a eu lieu. C’est en effet la date à laquelle a été enregistrée le tout premier nom de domaine en .com : symbolics.com.

Selon l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), 76 millions de noms de domaines ont été enregistrés entre 1985 et 2010. Ça fait beaucoup. Vingt-cing ans et 76 millions de point quequechose plus tard on arrive à trouver à peut près tout sur le net...

Ça vous impressionne? Vous vous dites qu'on arrête pas le progrès, que vous en faites partie et que vous êtes des maîtres navigateurs Internet voguant vers l'avenir? Eh bien, dites-vous qu'il y a quelque chose comme 4 milliards de point G qui n'ont pas encore été trouvé dans ce monde...


Lâchez pas votre souris!

Nouveau départ...

De retour entre quelque part et ailleurs...

Collapsus

D'escaliers en corridors, le dédale que forme nos vies n'est pas toujours apaisant. Ce sont de biens curieux labyrinthes que nous traçons. Le souffle que l'on a, l'être que l'on est... toutes ces "choses" que l'on aimerait fixer et qui nous fuient tout juste.

Les dédales parisiens tracent d'étranges points de fuite. Foisonnement d'errances dans le château des châteaux : ici tout le monde n'est personne. Et c'est dans cette kyrielle que je me serai retrouvé. Dans le trop plein anonyme, j'aurai replongé en moi pour me revisiter. J'aurai émergé pour te découvrir là haut à m'attendre: unique et précieuse... mon plus bel horizon.

Il ne me reste que quelques jours à Paris et je ne sais plus où regarder, où aller. Je veux tout saisir du regard, tout imprimer, tout mémoriser. Je veux chaque souvenir, chaque petit rien. Je veux surtout chacun de tes gestes, chacun de tes regards, chacun de tes sourires. Je te veux à mes côtés pour toujours.

Cependant, comme la rivière aux pieds d'Héraclite, ainsi va le cours des jours... Mon grand amour demeurera sur les rives de la Seine et dévoilera ma blessure. Patiemment, j'attendrai en haut de l'escalier la main émue. Entre toi et moi toutes ces heures, toutes ces bornes. Dans l'épaisseur de la distance, je ne te perdrai jamais de vue et marcherai. Je connais par coeur les chemins qui mènent à toi. Je les emprunte chaque jour.

À bientôt...

Paroles

Il y a, même dans les plus grandes écoles, de ces maîtres de la parole qui utilisent beaucoup de mots pour dire finalement bien peu de chose. Devant l'éloquence de ce parler, celui qui se tait n'entend parfois que sa propre déception. Déçu qu'il est d'une parole qui demeure en trop, qui s'étire et se répète jusqu'à ne plus rien évoquer sinon le fait qu'elle parle.

Or, il m'apparaît que parler est bien un acte qui ne se fait pas tout seul. D'abord, parce qu'on parle toujours à, de, pour quelqu'un. Ensuite parce qu'il ne suffit pas d'accomplir cet acte pour dire quelque chose. Comme toute action dirigée parmi/vers autrui, il nous impute de s'interroger de son bien fondé, d'en porter la responsabilité. Conséquemment, lorsque l'on ouvre la bouche, il faut aussi se demander ce que l'on veut : dire ou parler.

Depuis quelque temps, il y a ici en France un débat sur l'identité nationale dont les échos me rappellent un exercice que nous avions également tenté au Québec il y a peu. Encore une fois, j'y trouve la même déception à savoir qu'à l'intérieur de ce débat on parle beaucoup alors que pour ce qui est de dire c'est surtout sur le fait du débat lui-même que c'est dit. Honnêtement, je me demande ce que peut bien signifier la portée de ces actes d'un point de vue culturel et politique. Que peut bien dire de nous-même le fait que ce sont les contenants et non les contenus qui deviennent de plus en plus "parlant" ?

L'Étranger

Ce 4 janvier, tranquille à la maison, j'allume la radio pour couvrir le silence des voisins... J'essaie de travailler le concept de subjectivation chez Rancière et le Touraine "nouvelle mouture"... Parfois, n'en déplaise à Aristote, un peu de phonè aide à la concentration, aide le logos. Bref, j'allume la radio sans trop écouter.

C'est France Culture qui est syntonisé alors ça parle. Ça parle tellement qu'après une heure, je me rends compte que ça parle... que ça parle français même et que ça parle d'Albert Camus. Tiens, Camus... qu'a-t-il bien pu ne pas faire pour qu'ils en parlent tout l'après-midi*?

Eh bien, les Français célèbrent le 50e anniversaire de la mort d'Albert Camus. Victime d'un accident de voiture sur une route du département de l'Yonne, il devient le lauréat du Prix Nobel ayant eu la vie la plus courte, mais il devient aussi immortel puisqu'on en parle toujours...

Né en 1913 dans un quartier populaire d'Alger, Albert grandit avec ses deux frères et sa mère analphabète à qui il voue une grande admiration. À l'école communale, son instituteur Louis Germain détecte son talent pour les lettres et le pousse à poursuivre ses études.

En 1940, Camus s’installe à Paris. Dans la trilogie du "cycle de l'absurde" il développe sa philosophie : l'Homme ne trouve pas de cohérence dans la marche du monde et n'a d'autre issue que la révolte. En 1943, il s’engage dans la Résistance et prend la direction du journal clandestin Combat.

Après la guerre, l’intellectuel continue de se distinguer par ses prises de position politique. Il sera l’un des rares à dénoncer l'utilisation de l'arme atomique après le bombardement d'Hiroshima, en août 1945. Homme de gauche, il dénonce la dérive vers le totalitarisme de l’Union soviétique, ce qui lui vaut de se brouiller avec son ami Jean-Paul Sartre. Puis, il s’attire les foudres d’une gauche soutenant la lutte pour l’indépendance algérienne en refusant le terrorisme sous toutes ses formes.

Janvier 1956, son appel à la trêve pour les civils l'éloigne définitivement de la gauche française. Simone de Beauvoir dira alors que "Camus s'est rangé «du côté des pieds-noirs», et qu'il a choisi la colonisation contre la guerre d'Algérie". Interrogé par un étudiant algérien, sur le caractère juste de la lutte pour l'indépendance, Camus répondra : "Si j'avais à choisir entre cette justice et ma mère, je choisirais encore ma mère."

Cette prise de position est sans doute ce qui fera dire à de nombreux Agériens qu'il n'est pas un écrivain algérien, mais un écrivain français d'Algérie. D'ailleurs, beaucoup de journaux algériens sont totalement silencieux sur le cinquantième anniversaire de sa mort. Pas un mot dans El Moujahid, le quotidien gouvernemental. Rien non plus dans Le Quotidien d'Oran, premier quotidien francophone du pays. Liberté, quotidien près du mouvement kabyle organisé politiquement dans le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), se contente d'annoncer les émissions qui seront consacrées à Albert Camus cette semaine... dans les médias français. El Watan ("Le pays") est le seul à lui consacrer un véritable dossier, avec des opinions contrastées.

En 1957, il reçoit le prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son œuvre "qui met en lumière les problèmes qui se posent [...] à la conscience des Hommes". Lors de la remise de son prix, il rend un hommage appuyé à son instituteur et devient le symbole du succès de l’école républicaine. Les honneurs le confirment, on en a quand même fait un membre de la République!

D'un côté, les Algériens pour qui l'écrivain ne s'est jamais débarrassé de ses réflexes bien enracinés dans son inconscient colonial. De l'autre, les Français pour qui il est encore "pied noir"... Ça a beau parler à la radio, écrire dans les journaux, moi j'entends surtout "le malaise dans la colonisation"**.

Je sais, c'est très québécois diront certains...

_________________
*Lorsque nous parlons de l'après-midi, les Parisiens rigolent. Notre utilisation de "matinée" et "d'avant-midi" aussi les fait bien rire. Fin de semaine, souper, dîner, déjeuner... À bien y penser notre rapport au temps n'est pas du tout le même. Faudrait creuser le sujet éventuellement.
** ... désolé M. Freud.

Champagne!

Célébrer la nouvelle année à la parisienne c'est avant tout célébrer avec des amis. Les Champs Élysées c'est pour la télé, les touristes, les pickpockets... bref, c'est surfait nous dit-on. Mais célébrer l'arrivée du nouvel an en France c'est surtout une affaire de Champagne! D'ailleurs, les vins de Champagne ont un destin hors du commun dans l'histoire française...

Le tout remonte à Saint-Rémi, évêque de Reims dans la région de Champagne, qui baptisa Clovis quand ce dernier se convertit pour être reconnu par le Saint-Siège et consacré roi de France. Revenant à ce moment fondateur, de 898 à 1825, tous les rois français seront sacrés à Reims. Selon les récits qui en furent faits, les cérémonies s’accompagnèrent de festins où le Champagne coulait à flots. Complices de cette tradition, les vins de Champagne furent donc consacrés un soir de Noël 496 et ils sont restés associés aux baptêmes : ce sont eux que l’on invite à consacrer le bonheur des premières fois.

Les exemples marquant de cette tradition ne manquent pas... Le 14 juillet 1790, pour la fête de la Fédération sur le Champ de Mars, seul le Champagne est jugé digne d’encourager les révolutionnaires. Il a été de l'inauguration des grandes expositions universelles de 1889 et de 1900 à Bruxelles et Paris. Le Champagne a consacré de nombreux grands traités dont celui de Maastricht, il a baptisé bien des navires et des avions...

Bref, il est le vin des grandes occasions et Nouvel An* n'y échappe pas. Chez nous non plus d'ailleurs, mais à Paris c'est du jamais vu! Une bouteille et une autre, il en faut pour toute la nuit!! Bien entendu, le lendemain on se rend compte que d'accoucher d'une nouvelle année ne se fait pas sans douleur...

Les États-Uniens** ont un remède à tout épreuve contre la gueule de bois : le Bloody Mary. Pourtant, quoi qu'ils en pensent, leur fameux remède des lendemains de veille est une invention parisienne! En effet, le Bloody Mary fut créé en 1921 par Fernand Petiot barman du Harry's New York Bar au 5 rue Daunou dans le 2e arrondissement de Paris. L'établissement y est toujours.

En attendant d'être assez remis pour vous y risquer, voici la recette originale de Fernand Petiot:

4 pincés de sel
2 pincés de poivre noir
2 pincés de poivre de cayenne
1-2 gouttes de sauce Worchestershire
quelques gouttes d'un citron pressé
de la glace concassée
2 onces de Vodka
2 onces de jus de tomate bien dense
(mélanger bien et servir)



Et maintenant, si on pouvait trouver le remède contre la langue de bois...


* En France, l'article précédant "Nouvel An" c'est perdu quelque part et on ne dit pas "le" Nouvel An. Ainsi, on fête Nouvel An comme s'il s'agissait de fêter Pierre, Jean ou Jacques...
** Eh oui, chez nous on ne parle pas de l'Amérique comme s'il s'agissait d'un empire... Parce qu'ils n'ont certainement pas le monopole de l'appellation continentale, les États-Unis sont et demeurent les États-Unis d'Amérique.

Kaput 2009

Bonne et heureuse année 2010!
Français et Québécois, que cette fin de décade vous apporte découvertes et inspiration... De Montréal à Paris, que nos chemins se croisent et se prolongent...


Meilleurs souhaits à tous et à toutes!

2009 c'est trop Oufff! (cinéma)

Je ne sais pas pour vous, mais ma petite vie est déjà un peu trop meublée pour me permettre d’aller plus souvent au cinéma. C’est dommage, mais ainsi va la vie qui va…

Si ce fut une grande année pour les mélomanes, les cinéphiles ne peuvent prétendre à un grand millésime en 2009. Reste qu’il y a eu de grands crus dans ce que j’ai bu des yeux et qu’il m’en reste quelques uns en réserve.

Catégorie « grande classe »
Le Ruban Blanc (Michael Haneke)
The Limits of Contrôle (Jim Jarmush)
Che Part One (Steven Soderbergh)
The Spirit (Frank Miller)
Gran Torino (Clint Eastwood)
Tetro (Francis Ford Coppola)


Catégorie « je n’ai pas vu, mais il le faudra »
A Serious Man (Ethan & Joel Cohen)
The Informant (Steven Soderberg)
Up in the Air (Jason Reitman)
Carcasse (Denis Côté)
Departures (Yojiro Takita)
An Education (Lone Scherfig)
La Teta Asustada (Claudia Llosa)
Precious (Lee Daniels)
Le Prophète (Jacques Audiard)
Lebanon (Samuel Maoz)

Catégorie « j’étais en retard, j’ai vu en 2009 »
Il Divo (Paolo Sorrentino)
It Might Get Loud (Davis Guggenheim)
12 (Nikita Mikhalkov)
Slumdog Millionnaire (Danny Boyle & Loveleen Tandan)
Gomorra (Matteo Garrone)

Catégorie « au pays de Jutra »
J’ai tué ma mère (Xavier Dolan)

Catégorie animation
9 (Shane Acker)

Catégorie « n’importe quoi ! »
Lesbian Vampire Killers (Phil Claydon)

Fumisterie

Au seuil de l'année, il est coutume de faire le bilan du parcours de tout un chacun. Journaux, magazines, télévisions... l'usage semble incontournable dans la doxa. L'État, la corporation, l'individu... personne n'y échapperait. Ce genre de consensualité toute entendue soulève chez moi un sourcil dubitatif. Déjà, il serait intéressant d'interroger la portée de cette "pratique".

À qui profite-t-elle socialement? À quels aménagements laisse-t-elle place chez l'individu et dans la collectivité? Y est-il vraiment question d'introspection? Est-ce un moyen de réorganiser les séquences narratives discordantes afin de subsumer la confrontation à soi-même aux trames lisses et acceptables d'une authenticité revisitée? Ou est-ce plus simplement l'occasion irréfléchie de satisfaire une pulsion naturelle, un besoin appelant à la purge?

Depuis le 18 décembre en France, une nouvelle arme est disponible aux justiciers liminaires s'aventurant sur l'Avenue de la Vengeance au crépuscule de 2009. En quelque cliques et pour la modique somme de 8€50, il est possible de "rendre justice" en envoyant 100g de bon fumier provenant des meilleurs élevages bovins de Franche-comté à ceux qui vous ont fait chier au cours de l'année! (frais de porc et de manutention inclus sur toute la France métropolitaine)

L'affaire est réglée en quelques minutes sur fumier.com. Le fruit de votre introspection se matérialiserait alors dans le courrier sous la forme d'une jolie boîte à fumier sur laquelle figure une vache affublée d'une cape de super-héros. Le tout est accompagné d'un message personnalisé. Rigueur éthique oblige, aucun envoi n'est anonyme et les messages «méchants» sont censurés puisque l'objectif serait avant tout humoristique...

Selon son concepteur - un agriculteur du Jura - l'entreprise est florissante et le site génère plus de 5000 connexions par jour. Les parisiens seraient particulièrement friands de ce geste "100% bio" puisqu'ils constituent 60 à 70 % de la clientelle bénéficiant de tout l'amour et le savoir-faire de Roger Combotte, "roi du fumier".

Vive la France, vive la justice (?) et merde alors!

Les Cent Ciels

Un autre jour s'étire sur la ville et nous offre le un doux moment de quiétude avant d'aller célébrer l'anniversaire de cette magnifique muse qui partage ma vie. Dire que je ne serais pas ici, que je ne serais pas moi-même et que ce ciel n'aurait jamais été beau sans elle serait tracer le premier trait de la première lettre d'une longue envolée que je me permet de lui réserver. Cependant, j'ose partager avec vous cette découverte que nous avons fait le lendemain...

Puisque Paris lui appartient déjà et que je lui dois au moins un royaume, je me proposais de lui offrir le Maroc au porte de Paris. Une soirée au plus grand hammam de la ville pour s'abandonner ensemble aux douceurs du farniente, nous rappeler ces plaisirs que nous avons découverts en Turquie, revivifier le corps et recentrer l'esprit. Si vous êtes de passage à Paris, je vous assure qu'après quelques jours vous aurez besoin de décrocher: l'endroit est tout simplement paradisiaque!

"un authentique Hammam oriental dédié au bien-être du corps et à l’épanouissement de l’esprit (...) « Les Cent Ciels » convie ses hôtes à une parenthèse d’apesanteur et de féerie dans le bouillonnement de la vie urbaine."

Le hammam tiède : l'endroit pour se reposer entre deux cycles

La piscine avec le sauna sec (à gauche)

Le hammam chaud aux effluves d'eucalyptus

Massage, facial, gommage au savon noir... Tout est offert.
Nous vous recommandons Les cent ciels si vous désirez refaire le plein à Paris et vous éviter le détours au Maroc ou en Turquie.
Le hammam, elle aime... et elle n'est pas seule.

Féérie

Paris n'aura porté le blanc que le temps de nous faire rêver. De neige, il n'y eut que quelques centimètres nous permettant de parcourir une route imaginaire de Paris à Montréal, de transposer momentanément le décor et de perdre la carte. Un petit cadeau avant le temps pour les uns, un emmerdement de plus pour les autres...

J'ignore si les Parisiens réalisent à quel point leur ville est belle sous la neige. À nos yeux, elle a le magnifique du rarissime lorsqu'elle s'offre dans sa robe des grands jours; celle dont elle se pare pour le bal de saison.

Timide, elle redevient humaine et se dévoile en se camouflant. Au milieu de la valse des flocons, les yeux grands ouverts, on arrive à peine à fixer le regard. Ça tourne et virevolte... La musique silencieuse de la rumeur du vent nous chante l'Ailleurs de ses périples nordiques. Toute en lumière, Paris se laisse charmer et sa robe haute-voltige. Elle danse, danse et danse encore.

Et puis plus rien... un long silence à peine audible dans le tumulte de la ville. Le carrousel s'éteint, les tremblements s'immobilisent...

Au coin de chez nous, en une nuit, on avait tout reconstruit à l'identique. Mais, au matin, Paris n'était plus la même d'avoir tant dansé avec le Nord. Les joues rouges, gorgée de la douce folie qui l'avait prise la veille, elle murmurait l'envie folle de s'abandonner à nouveau.

Au bout de quelques jours, descendant les marches de la scène qu'elle partageait avec son cavalier, Paris ne se doutait pas qu'il n'y aurait plus de bal. Du moins, pas avant la prochaine lune. Depuis, seul témoin de sa féérie, la neige est allée retrouver les larmes de la Seine... et nous attendons avec elle l'air des premiers violons.

Mon beau sapin...

Un peu d'originalité, d'audace et de système D...
Il y a toujours moyen de créer et le résultat est parfois surprenant!





Préparatifs de Noël

Que fait-on tout seul en couple à Paris pour Noël? Voilà sans doute une question que beaucoup aimeraient se poser... nous pas tellement. Personnellement, je ressens un profond malaise à l'idée d'être si loin.

Pour les Québécois, Noël c'est d'abord la famille qu'on retrouve, mais c'est aussi quelque chose de viscéral et d'indicible qui frôle la nostalgie. Poussière d'un rien grandiose qui n'existe qu'entre nous, malgré tout. Un temps hors du temps. Une magie simple et diffuse qui se propage dans les discussions autour du poêle, dans les fumets des bons plats qu'on ne cuisine que pour l'occasion, dans la douce chaleur des maisons qui redeviennent chaumières... Quelque chose comme la trace d'un "bon vieux temps" où l'on pouvait compter les uns sur les autres à bûcher dur à travailler fort pour passer au travers des hivers.

Vrai, je n'épargne pas les clichés romantiques. Seulement, ici à Lutèce, j'ai franchement l'impression que le temps des fêtes de chez nous est précieux et unique. Mais pour combattre le spleen, il n'y a que l'inspirine... Il nous faut une nouvelle matière afin d'y inscrire le Noël de cette année. Et heureusement, Paris ne manque pas de ressources.

Quoi de mieux que de lancer le réveillon avec la traditionnelle messe dans la mythique Notre-Dame? Je dois avouer que je ne suis pas le plus fervent des croyants (pour ne pas en dire plus), mais Noël c'est Noël!

Le sacré appelant le sacré, une petite glisse sur la patinoire de l'Hôtel de Ville de Paris avec un gilet de Jean Béliveau s'imposera! Ce n'est peut-être pas l'Oratoire Saint-Joseph (ou même le Sénat) de Jacques Demers, mais...

Joyeux Noël à tous et à toutes!!

M'as-tu vu?

Voir et être vu est un art que les Parisiens savent apprécier. Surtout s'il est pratiqué avec assez de retenue pour ne pas attirer à tout prix le regard. Ainsi, se mettre en vitrine c'est d'abord savoir repérer l'endroit et le moment qui convient. L'événement is ze place to be alors. Toutefois, il ne faut surtout pas trop en mettre. Être de l'événement c'est naturel puisque "c'est moi et que je suis comme ça moi". En fait, c'est un peu comme le truc marketing : je suis là parce que je suis in et je suis in parce que je suis las.

Maintenant, quand on croise ce principe avec l'Objet... c'est exponentiel. De l'objet du désir à la sustentation, magasiner a tellement bon goût à Paris. Ajoutez un peu de féerie du temps des fêtes (des accessoires tendances, un concept épuré, de la neige synthétique et beaucoup de couleurs...) et vous avez là un cocktail qui en met plein la gueule!

La ville lumière... on se dit que ce devrait être spécial à Noël, et ce l'est! Mais c'est comme partout ailleurs : faut savoir regarder (et parfois ne pas voir). D'ailleurs, les parisiens aiment bien ce qui scintille, flash, bling et bling encore.

Du premier décembre à la mi-janvier, "Paris illumine Paris", c'est 200 techniciens dans les arbres, 2 000 000 de mètres de guirlandes lumineuses et plus de 200 km de rues en lumière. Sous des apparats de fête publique, l'initiative est pilotée par l'Association des Commerçants de Paris et culminera par 4 jours de "couleurs de Soldes by Paris"! Eh que ça doit être beau des couleurs de solde!!

Du reste, en vitrine c'est vraiment quelque chose. Je n'ai jamais vu ça nulle part ailleurs. Ces photos, prisent au Bon Marché dans le 6e, ne sauraient rendre l'effet des installations: maquettes 3D avec projections animées et son ambiophonique. Rien n'est trop beau lorsqu'il s'agit d'en mettre plein la vue.

À ce chapitre, les grands magasins jouent la carte de l'événement à fond. La vitrine devient un espace-happening qu'il faut voir. Magasiner à Paris c'est l'avant-première des fêtes. Un nouveau genre de réveillon...

Évidemment personne ne veut être en reste...

2009 c'est trop Oufff! (musique)

L'année tire à sa fin et d'ici le 1er janvier vous verrez quelques capsules du meilleur de l'année selon "l'homme que je suis quoi qu'il en pense"...

2009 a été une bonne année musicalement parlant et ce, dans toutes les catégories. Pour ce Top 30, j'ai tenté un bien curieux mélange de coups de coeur personnel, de diversité et d'ingéniosité artistique. Chose certaine j'estime que tout ce que vous trouverez dans ce "palmares" a marqué mon année de mélo-manne.


30) Yann Perreau - Un serpent sous les fleurs (Bonsound)
29) Yaron Herman - Muse (Naïve)
28) Sunset Rubdown - Dragonslayer (Jagjaguwar)
27) Karen O - Where the Wild Things Are (DGC/Interscope)
26) Lightning Dust - Infinite Light (Jagjaguwar)
25) Artistes Variés - Douze hommes rapaillés (Spectra)
24) Arctic Monkeys - Humbug (Domino)
23) The Legendary Tigerman - Femina (Norte-Sul/Skydog)
22) Japandroids - Post-Nothing (Polyvinyl)
21) White Rabbits - It's Frightening (Tbd Records)

20) Medeski, Martin & Wood - Radiolarians III (Indirecto)
19) We Are Wolves - Invisible Violence (Dare to Care/Fat Possum)
18) Russian Circles - Geneva (Suicide Squeeze)
17) Black Lips - 200 Million Thousand (Die Slaughterhaus)
16) The xx - The xx (Young Turks)
15) Sonic Youth - The Eternal (Matador/Musikvertrieb)
14) Atlas Sound - Logos (Kranky)
13) Healt - Get Color (Lovepump United/Cityslang/Pop Frenzy)
12) Tortoise - Beacons Of Ancestorship (Thrill Jockey/Irascible)
11) Various Artists - Dark Was the Night (4AD)

10) Do Make Say Think - Other Truths (Chicago Independent)
9) Girls - Album (True Panther/Matador)
8) Mt. St. Helens Vietnam Band - éponyme (Dead Oceans)
7) John Parish & PJ Harvey - A Woman a Man Walked By (Island Records)
6) Handsome Furs - Face Control (Sub Pop)
5) Pawa Up First - The Outcome (Dare to Care/MVS)
4) UUVVWWZ - UUVVWWZ (Saddle Creek Records)
3) Malajube - Labyrinthes (Dare to Care/City Slang)
2) Grizzly Bear - Veckatimest (Warp/Musikvertrieb)
1) Clues - Clues (Constellation/Irascible)

Citation musicale de l'année: "On va rocker ça dans les années 10 !" (Misteur Valaire au Batofar : la scène sur la Seine)

P.S.: On est bien curieux de lire vos coups de coeur de l'année... Après tout, le temps des fêtes c'est fait pour partager!

Jardin de givre

Pour moi qui est né à l'ombre de la Tour de la Paix, de l'autre côté de la rivière Outaouais, les promenades sur la plus longue patinoire du monde sont synonyme d'hiver, de neige et de glace... J'y ai développé tant de souvenirs. À chaque année, toute la famille s'y aventurait pour aller contempler les sculptures de glace du Lac Dow en mangeant des "queues de castor (sucre-citron-cannelle)" avec un chocolat chaud bien fumant. D'abord en traîneau derrière Papa, puis en patin à deux lames, j'y ai pratiqué mes premiers élans de glisse. Des années plus tard, étudiant à l'Université d'Ottawa, j'avais encore l'habitude de chausser les patins entre deux séminaires pour remonter et descendre les quelques kilomètres du Canal Rideau jusqu'au Château Laurier. Cette année, à Paris, c'est à pied sur les Champs Élysée qu'il est possible de réveiller cette douce candeur de mes premiers hivers. Je vous en offre un aperçu, mais d'abord allez vous préparer une bonne tasse de chocolat chaud!

Le tant attendu Saint-Nicolas...

La Tour Eiffel : mon beau sapin...

Le château Disney à Paris...

Notre-Dame et son bossu...

Le Sacré-Coeur sur son perchoir...

Le Penseur de Rodin...

La Mona Lisa qui sort parfois du Louvre...

Et Django Reinhardt tant apprécié à Paris...

De grands enfants

Jeudi dernier il neigeait. Vendredi dernier il a neigé encore un peu. Ce dimanche matin, il neige encore. Décidément, il faut s'y faire. Quoique...


Mère nature semble en faire rajeunir plusieurs devant le spectacle qu'elle offre en rappel dans presque toute la France. Dans les rues de Paris, l'invitation aux jeux de neige est omniprésente.


Elles sont rares les voitures ne servant pas d'étalage au nécessaire à boule de neige bien pressée. Au loin, on entend le rugissement des écoliers qui en ont terminé pour quelques temps avec leurs professeurs pour les prochaines semaines.


Même les travailleurs s'y laissent prendre. On a beau être en bleu de travail, sous ses habits "vert-Paris" l'enfant aux joues rouges n'est jamais bien loin!


Décidément, ils ont un drôle de rapport aux espaces publics ces Français! En été, ils ferment les pelouses pour qu'elles demeurent en santé (c'est-à-dire plus verte que verte) et en hiver, lorsqu'il neige, ils les ferment pour... pour... pourquoi donc? Au coeur des précipitations les autorités parisiennes avaient fermé la quasi-totalité des parcs de la ville ainsi que la Tour Eiffel. Il y a toujours des limites à avoir du fun noir quand tout est blanc! Faudrait pas que ça dégénère comme sur cette photo, place des Vosges. Sérieusement, faudrait que quelqu'un m'explique parce que moi je ne la comprends pas du tout celle-là...

Salées les vacances!


Depuis trois jours, le grand ballet des engins de salage et de déneigement ne s’est pas interrompu sur les routes de France. Parfois en vain, les intempéries perturbant la circulation dans Paris. D'ailleurs, jeudi dernier, on a rapporté plus de 350 km d'embouteillage en Île-de-France.

Dans les rues de Paris, comme ailleurs sur les routes et autoroutes en province, les opérations se sont prolongées jusqu’en fin d’après-midi samedi, en prévision d’une quatrième nuit glaciale et de nouvelles chutes de neige annoncées dimanche et lundi. Au volant de sa saleuse, Nicolas, 32 ans, était à la manoeuvre dans les hauteurs du XIXe arrondissement, près du parc des Buttes-Chaumont. Dans la benne de son engin, qui transporte d’habitude une cuve d’eau de nettoyage, 1 m³ de sel attend d’être projeté sur la chaussée: "je peux traiter une vingtaine de kilomètres avec ce chargement".

Sur les 1 600 km de rues parisiennes, 500 sont salés dès que la météo annonce un risque de neige et de verglas. Les ingénieurs de la ville privilégient le boulevard périphérique, les voies sur berges et les axes sur lesquels circulent les bus. Les plus petites rues étant progressivement salées par le jeu de la circulation automobile. En comptant l’opération menée hier après-midi, 700 t de sel ont déjà été larguées depuis le début de la semaine sur Paris.

Malgré tout ce sel, pas question de se risquer à vélo en ce début de relâche. Les gens en profitent donc pour se lancer métro devant dans l'un des nombreux grands magasins de Paris. Vaut mieux éviter parce qu'une foule de consommateurs français en manque d'inspiration c'est encore plus chiant que le reste de l'année. Vive les vacances!!