Il y a, même dans les plus grandes écoles, de ces maîtres de la parole qui utilisent beaucoup de mots pour dire finalement bien peu de chose. Devant l'éloquence de ce parler, celui qui se tait n'entend parfois que sa propre déception. Déçu qu'il est d'une parole qui demeure en trop, qui s'étire et se répète jusqu'à ne plus rien évoquer sinon le fait qu'elle parle.
Or, il m'apparaît que parler est bien un acte qui ne se fait pas tout seul. D'abord, parce qu'on parle toujours à, de, pour quelqu'un. Ensuite parce qu'il ne suffit pas d'accomplir cet acte pour dire quelque chose. Comme toute action dirigée parmi/vers autrui, il nous impute de s'interroger de son bien fondé, d'en porter la responsabilité. Conséquemment, lorsque l'on ouvre la bouche, il faut aussi se demander ce que l'on veut : dire ou parler.
Depuis quelque temps, il y a ici en France un débat sur l'identité nationale dont les échos me rappellent un exercice que nous avions également tenté au Québec il y a peu. Encore une fois, j'y trouve la même déception à savoir qu'à l'intérieur de ce débat on parle beaucoup alors que pour ce qui est de dire c'est surtout sur le fait du débat lui-même que c'est dit. Honnêtement, je me demande ce que peut bien signifier la portée de ces actes d'un point de vue culturel et politique. Que peut bien dire de nous-même le fait que ce sont les contenants et non les contenus qui deviennent de plus en plus "parlant" ?
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire