Halloween! Allo qui?

Halloween tire son origine d'une fête païenne ("Samain") qui a perduré plus longtemps chez les Celtes d'Irlande et de Grande-Bretagne que sur le continent européen. Au Ve siècle, les moines qui évangélisaient l'Irlande, la Grande-Bretagne et la Gaule se trouvèrent confrontés cette fête du début du mois de novembre. Cette date marquait le début de la moitié sombre de l'année. Il était admis, pendant les jours de Samain, que le monde des vivants communiquait avec celui des dieux et des morts. Cette fête était l'occasion de rituels druidiques et de banquets bien arrosés. Les rituels, profondément ancrés dans la civilisation rurale, perdurèrent bien après la christianisation des populations. Ainsi, bien qu'elle aie évolué, cette tradition a été transportée en Amérique du Nord au XIXe siècle par les Irlandais et les Écossais.

Cette filiation celte combinée au déploiement du protestantisme en Angleterre et à la prégnance catholique sur les royaumes continentaux explique pourquoi, en France comme partout en Europe continentale, on ne célèbre pas Halloween. On y célèbre plutôt la Toussaint. Il s'agit d'une fête catholique au cours de laquelle sont honorés l'ensemble des saints (tous-les-saints) reconnus par l'Église catholique romaine. Elle précède d'un jour la fête des morts, dont la solennité a été officiellement fixée au 2 novembre deux siècles après la création de la Toussaint. Cependant, du fait que la Toussaint, contrairement au 2 novembre, est un jour férié l'usage est établi de commémorer les morts le 1er novembre. Une tradition multi-séculaire veut que l'on allume chandelles et bougies dans les cimetières et, depuis le XIXe siècle, qu'on fleurisse les tombes.

Nous sommes déjà triste de penser que l'ambiance d'Halloween ne régnera pas dans les rues et les places de Paris. L'atmosphère s'y prêterait si bien, mais non... on va devoir assister au recueillement pieux des bons petits catholiques. Heureusement, pour une rare fois, notre bon voisin Père Lachaise sera accessible de nuit pour mettre un peu d'ambiance macabre.

Diaporto

L'océan

Fuir l'automne juste un peu. Fuir le froid qui prend aux os. Fuir ces rayons de lumière trop obliques perçant à peine le bronze des feuilles tremblotantes. Fuir la poussière du ciel et la pluie diaphane des jours gris. Fuir jusque sur ce sable craquant du Portugal.

Se laisser bercer par le ressac d'un océan indomptable. Laisser la vague remonter jusqu'à soi, jusqu'au fond de ses tripes. Sentir l'astre du jour sur sa peau et se baigner dans ses couleurs d'été. Être en vie. Entendre l'appel à sortir de soi. Éclore. Toucher l'envi d'explorer tout ce qu'invite ses sens en éveille. Inspirer l'air saturé du parfum salin porté par un vent qui vient de loin. S'inspirer.

Petite histoire d'un nectar



Bien que le vin soit produit dans la vallée du Douro depuis l'Antiquité, ce n'est qu'au XVIIe siècle qu'apparaît l'appellation "vin de Porto". Il connut à cette époque un grand succès en Angleterre.


À la suite de la guerre avec la France, les Anglais délaissant le vin français, se tournent vers le Porto. Avec le traité Methuen (1703), traité de coopération militaire, diplomatique et économique, ils obtiennent le privilège de fonder au Portugal des maisons de négoce en échange de la baisse des taxes sur le vin de Porto. Cependant, il reste cher et fortement concurrencé par les vins français. De plus, il supporte mal le voyage.

On avait déjà l'habitude d'y ajouter de l'eau de vie pour qu'il supporte le transport. C'est alors qu'un marchand anglais du nom de Jean Bearsley a eu l'idée d'en augmenter le degré en ajoutant de l'eau de vie de vin pure. C'est la naissance du produit sous sa forme actuelle.

Bearsley et ses associés fonderont la maison Taylor Flatgate en 1692. Il s'agit toutefois de la seconde plus ancienne maison de porto, la première fut fondée en 1678 et porte le nom de Croft. Toutes deux, comme de nombreuses autres, sont anglaise. La première maison d'origine purement portugaise étant Ramos Pinto.

Curieusement, il s'agit des trois maisons que nous avons visité à Porto. Le petit gars avait fait ses devoirs!


Porto Alegre

Ce qu'il y a d'allègre à Porto c'est avant tout... le porto. Qui plus est à 4 euros la bouteille! C'est donc avec ce nectare que je soulageai un mal de gorge naissant. Devant le magnifique du couchant, dans la cour de l'auberge, le temps semblait suspendu à nos lèvres. La discussion s'étirait et nous prenions un malin plaisir à l'alimenter du délicieux sirop. Toutefois, après avoir marché toute la journée dans les dédales de la vieille ville, la panse commença à se laisser penser. La scène ouvrant l'appétit et les fruits de mer comme le poisson étant ridiculement cher à Paris, c'est ce que je me suis proposé de cuisiner à ma tendre complice.

Au menu, un sauté de crevettes, pétoncles, poulpes et calmars sur un lit de pâtes nappé de sauce au porto blanc.

En soirée, nous avions prévu une sortie à la portugaise. Vin du Douro à la maison, pré-bar universitaire trois fois trop plein afin de socialiser une pinte à la main et, finalement, sortir danser dans un club en ville. Stepan (un ingénieur mécanique allemand installé à Zurich) nous accompagne. À zigzaguer dans les rues, il apparaissait évident que le vendredi appartenait aux jeunes.

Si le nombre de têtes en gigue sur le trottoir et dans la rue est représentatif de ce qui se meut dans les bars, il y avait foule ce soir là! En fait, rentrée universitaire oblige (un 16 octobre vous imaginez?), on nous dit que ce n'est pas coutume. Quoi que... Les portugais aiment faire la fête et, ici comme en Espagne, on se venge de la semaine en piétinant les plates-bandes de la nuit. À voir le nombre de constellations dans ce cosmos festif, à Porto aussi il y a les copains d'abord.

Dimanche ils se reposeront enfin, avant de tout reprendre en soirée afin de se livrer à un rituel estudiantin centenaire. À la rentrée, sous le portrait géant de Darwin qu'arbore l'université, les "premières années" comme tous les autres se déguisent en semblables en se parant du même accoutrement sombre et d'une cape. La nuit tombée, sous une lune d'argent, l'ambiance est à l'étrange. Le sfumato du secret d'un autre temps traîne dans les rues.

Le rituel remonte à la fin du XIXe siècle et cherche à établir un esprit de corps au sein de l'institution: au cours du long chemin académique, tous sont égaux. Pratiquement imperceptible, un ruban permet de distinguer les différents départements. Telle une meute de jeunes loups assoiffés, ils partiront ensuite scander leurs slogans dans les rues de la ville. À chaque département son palabre et ses gestes. La marche mènera aux tanières discrètes où les initiés pourront célébrer.

Place de la Libertad (où quelques statuts célèbrent le sacrifice des libéraux à l'hôtel monarchique), les "dernières années" se distinguent en portant le chapeau et la canne. À terme, ils détruiront leur couvre-chef pour symboliser le passage de la tour d'ivoire au "vrai" monde.

Sur votre gauche, au balcon, une digression

Dès la première promenade, nous avons remarqué ce balcon. Il n'était pas le seul. Dans cette petite rue, parmi toute cette mosaïque de draps et de vêtements offert au vent, les drapeaux du parti socialiste ne paressent presque pas. Enfin, si, paresseusement ils trônent dans ce coin oublié de la Ribeira. Comme personne ne passe ici, l'acte semble gratuit. L'affichage est d'autant plus étonnant qu'il y a manque d'espace de séchage. Il faut donc considérer ce sacrifice avec respect. Je ne me souviens pas d'avoir été témoin d'un geste aussi équivoque à Paris. C'est peu dire...

Justement, il est temps de revenir sur la gauche française. Permettez cette digression sociologique: c'est déjà un vieux réflexe. Au cours de mes dernières lectures, je me suis retrouvé nez à encre avec la bête. En guise de tentative d'explication adroite, je vous offre quelques bribes de l'hypothèse soulevée par François Dubet dans son dernier livre: Le travail des sociétés.

***
"Les sociétés modernes étant dominées par l'égalité et la liberté d'un côté, et par la diversité des intérêts et la lutte des classes de l'autre côté, l'intégration sociale est produite par l'institutionnalisation politique de la solidarité."

"... les associations, notamment les syndicats et les partis représentatifs, fabriquent l'intégration sociale en institutionnalisant progressivement les demandes sociales, en créant des droits sociaux, en forgeant l'État-providence, en protégeant progressivement les groupes les plus démunis."

"Avec la révolution industrielle, avec les besoins de main-d'oeuvre, avec les corporations et les syndicats naissants, et l'appui des mouvements philanthropiques, s'est formé une système de solidarité basé sur le travail et le salariat. Peu à peu, chacun bénéficie de protections et de droits sociaux contre les aléas de la vie et du marché du travail, dès lors qu'il est salarié ou attaché au salariat par des liens familiaux. D'abord limités à quelques corporations, ces droits se sont étendus à tous ou à presque tous, comment autant d'élargissements d'un contrat de travail fixant les principes d'une solidarité élargie."

"Ainsi, la division du travail installe une solidarité organique par le biais du travail et, peu à peu, comme le montre Polyani, le capitalisme est canalisé par la société industrielle."

"... les syndicats sont à la fois des institutions et des vecteurs de la lutte des classes, les luttes sociales aboutissent à des droits et des acquis, les droits démocratiques ouvrent des droits sociaux donnant un peu de chair à l'égalité des citoyens."

"Peut-être plus qu'ailleurs, ce récit a associé la construction de la nation au progrès social, à la démocratie et à la puissance des institutions."

"Dans ce "creuset", les migrants s'intègrent d'abord de manière fonctionnelle dans l'économie en occupant les places que les travailleurs français leur abandonnent afin e s'élever dans la hiérarchie professionnelle. Là, ils s'organisent autour du travail et des syndicats au nom de leur identité de travailleurs en renonçant à mettre en avant leur culture, leur langue et leur religion cantonnées dans des espaces privés. Puis, deuxième étape, ils entrent progressivement dans le système institutionnel par l'école qui les inclut dans la culture nationale, par le syndicalisme et la participation politique."

Ce récit d'intégration "a fonctionné comme une norme, comme un "régime de vérité" à partir duquel on pouvait interpréter la vie sociale comme étant sous-tendue, informée, par des mécanismes d'intégration associant une structure fonctionnelle et une culture nationale par le jeu des institutions."

"Bien sûr, c'est la gauche qui s'est le plus identifiée à cette représentation dans la mesure où elle était à la fois sociale et moderne, où elle opposait la société au capitalisme "sauvage" et aux vieux ordres tratiditionnels, où elle puisait ses racines dans la Révolution, dans le mouvement ouvrier et dans une confiance bien plus ancienne dans un État de hauts fonctionnaires allant de Colbert à Bloch-Lainé. On comprend mieux que, ce régime se défaisant, la gauche soit intellectuellement démunie quand elle semble condamnée, soit à défendre un continent perdu, soit à se couper de ses racines intellectuelles et de son imaginaire."

Poets Hostel

Véritable petit coin de paradis au sommet de la Ribeira, Oporto Poets Hostel II fut notre premier arrêt. Nous aurions aimé que ce soit le seul. Remontant la côte à l'est de la gare Sào Bento nous cherchons l'auberge. Dans mon carnet, quelques chiffres et un nom qui n'évoque encore rien nous mènent au fond d'un passage piéton abrupte aux pierres usées. Sur la gauche, à l'abri des regards, se dresse un promontoire donnant accès à une petite maison familiale. Au premier coup d'oeil rien ou presque ne laisse deviner que nous sommes au bon endroit.

De la porte de son réduit la voisine nous regarde amusée. Un peu trop fraîchement arrivé, à peine acclimaté au soleil de plomb de la mi-octobre, il faut quelques temps pour que le regard se pose à son tour. Il cherche à tâtons, interroge et se balade nerveusement avant de trouver l'enseigne: un minuscule graffiti près de la sonnette. En un instant nous sommes invités à entrer par la barbichette qui se pointe dans l'antre. Bom dia. L'accueil est des plus courtois et l'endroit porte presque l'odeur du chez-soi. On nous présente l'enseigne et la ville comme s'il s'agissait d'une vieille amie compliquée, mais généreuse. Aucun détail n'est laissé inexpliqué, moults suggestions sont offertes.

Le tour du proprio s'arrête un moment pour laisser la cour faire bonne impression. La chambre double, attenant le jardin, porte le nom de Lorca (tiens je croyais que Frederico Garcia était espagnol!). De la fenêtre la vue donne sur un magnifique panorama où trône la cathédrale de Porto. Seuls, nous échangeons un regard complice... inspirons profondément...

Magnifique!

Porto, Ô Porto

Les Internets forment une mer incroyable d'information en gouttes d'eau. On peut y voguer longtemps avant de trouver bon port et la noyade informationnelle guette constamment celui qui, du pont, scrute l'horizon de la connaissance. Premier commandement de la marine marchande rhizomatique: dans la masse informe du numérique liquéfié il faut partir du principe qu'information n'est pas savoir - n'est pas connaissance. Ainsi, pour en arriver au bout du spectre intelligible il faut chercher, trier, analyser et digérer l'information. Et la chose n'est pas simple pour le mousse aspirant matelot.

Avant tout, devant l'étendue de la galaxie nébuleuse, il faut choisir l'astre qui guidera son bateau-fureteur. Telle une bouée balisant la navigation, ce mot-valise est celui qui ponctue le voyage de découvertes méritantes (si possible). Conséquemment, organiser mon voyage en le précédant d'une navigation exploratoire sur les Internets m'a mené à une première constatation. Partout sur la toile deux appellations semblent se confondre: Porto et Oporto. Je ne suis pas seul devant ce sphinx de nomenclature puisque une amie m'en a également fait part.

Eh bien chère amie il faut comprendre que - les mers étant ce qu'elles sont - tout se confond dans une masse informe au contour lisse. Toutefois, dans les airs comme sur terre comme sur mer... partout, money talks. Et money talks anglais plus souvent qu'autrement. À tenter de soudoyer notre sphinx l'intuition m'a foudroyé. De toutes les réponses possibles, la plus simple est souvent la plus probable. Le problème de "Porto et Oporto" c'est comme notre très distingué canadien constitutionnel: deux solitudes recouvert d'une même couverture de territoire. Ainsi, Porto désigne la ville portugaise dans la langue de Molière et Oporto la désigne dans celle de Shakespeare.

Cette confusion virtuelle me pousse à réaffirmer que, malgré l'idée reçu voulant que l'autoroute de l'information mène immanquablement à l'économie de la connaissance, l'information ne débouche pas nécessairement sur toute la connaissance. Le navire glissant sur la mer, il faut parfois plonger pour découvrir les créatures aquatiques qui se cachent sous la surface.

Blame it on the rhume

Acceptez mes plates excuses pour avoir laissé fermée la fenêtre que j'ai moi-même ouverte. Primo, j'avais l'intention de jouir tranquillement du réel de mes vacances et j'ai préféré écrire mes élucubrations virtuelles à posteriori. Deuxio, j'ai été affligé par ce virus de saison, cette pandémie météorologico-biologique, ce possible A H1N1 dont personne ne sait rien, mais dont tout le monde parle...

Je vous offre donc mon aparté de portuguais en différé en espérant que l'ellipse ne vous désoriente que ce qu'il faut pour me rejoindre.

Transtrucs en comachin


C'est quand même bien vrai que je n'ai jamais rien vu de tel dans aucun autre métro... À Montréal, il fait peut-être ben frette, mais dans l'métro, y fait beau! Vraiment beau!!

À Paris, dans le métro, c'est la merde. Nous en avons la preuve à toutes les fois qu'on ose y mettre le nez. Jeudi, jour J du départ pour P (comme dans Porto), on s'est d'ailleurs fait prendre. En plus d'une grève des chauffeurs d'autobus on a eu droit à un blocage de la ligne 1 d'est en ouest. Combiné à des problèmes au niveau RER c'était la totale pour qui devait se rendre à l'autre bout de la métropole. Nous devions y prendre le bus synchronisé avec notre vol-boboche Ryanair à l'aéroport Beauvais.

(Si, au premier abord, ils offrent des vols pas cher pas cher, faut savoir que la compagnie n'utilise pratiquement jamais de tarmacs conventionnels et accessibles. Il faut débourser une jolie somme et envisager tout le temps du monde pour s'y rendre.)

Bref, ce matin là on s'est fait avoir royalement et nous devions compter sur le traditionnel "jamais à l'heure" français pour s'en sortir. Heureusement(?), on peut toujours se fier sur la friabilité de la fiabilité française... Malgré le panoramique des dédales sous-terrains que nous nous sommes offert, nous avons rallié l'arrivé pour le départ avec les nerfs en boule et la tête en tempête.

Non, il ne faisait pas beau dans le métro!

Bixi exit!

5 trucs pour emprunter un BIXI gratuitement from P45 on Vimeo.

Faudrait penser à le remettre cependant parce que
si travailler c'est trop dur, voler c'est pas beau...

Rougeoyant

Malgré le silence radio, tout va à merveille et l'automne continu d'arriver. À Paris moins rapidement que chez nous apparemment, mais nous essuyons nos premières journées consécutives où il pleut de la pluie plus ou moins pluvieuse. Le temps se fait plus frais, mais rien pour écrire à sa mère (désolé maman!). On a l'impression d'un long fade-out d'été. Si j'en parle c'est qu'on aime ça au Québec se lubrifier le social de ces discussions météorologiques. Et puis, ça me donne l'occasion de me vanter des conditions parisiennes pour me donner l'impression de gagner au change!

J'ai toujours détesté l'automne gris de Montréal, préférant les couleurs de la Gatineau et l'odeur des forêts "en remontant la rivière". J'ignore l'effet que me fera Paris alors, dans l'expectative, je me fais du bien à imaginer l'oranger calorifique d'un couché de soleil sur la vallée de l'Outaouais. Parfaite imperfection que la contradiction de nos désirs anticipés...

Depuis mon arrivée je ne m'habitue pas à ce soleil qui paresse longtemps sous les draps de la ville pour ensuite veiller avec le bonhomme Septheure. Le cycle de l'astre me désaxe et j'ai l'impression de perdre de précieuses heures le matin. Pourtant, je les reprends le soir puisque le dîner se prend vers les 20h par ici: comme s'il fallait attendre que le soleil s'assied à l'horizon avant de se mettre à table. Aussi je le soupçonne de planifier sa fuite avant novembre et de nous laisser seul avec le béton. Cette semaine j'irai donc à lui profiter des côtes du Portugal!

En attendant, je retourne à l'expérience de la faculté de parler et la puissance de la parole chez Giorgio Agamben... (Ça fait au moins un italien qui se demande à quoi rime tous ces galimatias qu'on entend chez eux!)

Le même marchant sous mes pas

Une fleur de peau entre les dents,
Quelque part entre ailleurs et moi
À me projeter d’avant en avant,
J’ai une seconde à la fois.

Doux spectacle que je suis,
Moi qui n’existe presque pas,
Sur les trottoirs qui me fuient.

Miroir d’être sous le ciel de mes pas
Je me piétine dans un écho sans bruit,
L’envers muet que personne ne voit.

Tambour d’oreilles
Comme une basse vibrant les yeux.
Le crâne en ruche d’abeilles,
J’ai l’écume des jours bleus.

Ouvertes, mes veines électriques
Pompent la ville aux néons froids
Et l’hémorragie de mon hiver oblique
Peint la nuit du bout des doigts.

Je moi-même et labyrinthe les lignes de ta main
Dans ces rues que je dessine en vain.


Combien faut-il de parisiens pour dévisser une ampoule?


Un seul, pour tenir l'ampoule : il croit que le monde tourne autour de lui...

On vous fait la bise?

Prends ton bord

Voilà, ça représente assez bien la position de la gauche en France : on s'affiche encore mais rien ne semble vraiment bouger. Je dirais même avoir l'impression d'un malaise indicible, voir inavouable. La gauche est prise dans des fondations quelle a voulu de béton. Mais le béton c'est lourd et faut le casser pour en faire autre chose. Chose faite, vient la question de la forme et du moule... Qu'est-ce que la gauche aujourd'hui? On se point d'interrogationne.

Québéc showcase

Je le sens, on va m'accuser de paresse et d'oisiveté culturelle... J'avais promis d'y mettre la sauce et d'attaquer les plats auditifs d'ici. Toutefois, il faut parfois compter avec les bourdes du serveur qui mélange les commandes et, sans s'y mettre les pieds, apporte les mauvais plats. Mercredi dernier, j'ai dû mettre le cor français dans son tiroir et sortir les trompettes de la renommé puisque nous étions "invités" à la première soirée des services culturels de la délégation générale du Québec. Il s'agissait d'une première intra-mondiale, comment refuser de se glisser dans le four et de profiter du gratin ?

Je vous épargne les manigances de coulisse et la légère entorse que nous avons infligé au portier... En cette belle soirée d'automne, sous les néons du parisexe-pigale, nous étions là au Trois Baudets pour cette grande "petite première". L'établissement, nous n'allions pas tarder à l'apprendre, est considéré comme une perle dans l'huître culturelle parisienne* et dans une mer d'accent de chez nous à célébrer la rentrée culturelle de chez nous, nous étions quatre comparses à joualvériser de bonheur en s'enfilant champagne, tartare, mousse de foie gras, cuisses de caille, crevette et tourtière!

Je ne croyais pas voir planète Québec en pleine galaxie parisienne. Quelques étoiles y brillaient, mais tout un chacun semblait s'être paré de ses plus étincelantes parures pour défiler savamment sous le regard de son miroir social. Il m'a semblé faire parti d'un événement-contenant dans lequel il faut être vu et dont il faut parler pour que ça compte (le contenu étant le véritable prétexte de l'exercice). Décidément, quelques jours plus tard - à écrire ces mots - je me rends compte que ne suis pas immunisé du vertige qu'offrent ces rituels de société.

Quand on se laisse porter par le flux lubrique de Paris, on ne peut s'étonner des rivages le lendemain. La prochaines fois j'apporte un gouvernail, des palmes, un masque et je plonge dans les profondeurs de la seine musicale autochtone, promis!


*Au paroxysme de sa gloire, il s'agissait d'un passage obligé des Brassens et des Brel. Sans compter qu'il fut le tremplin d'un illustre inconnu prénommé Félix qui devait y passer en un éclair, mais qui y est finalement demeurer 14 mois avant de retourner sur son île dans son Québec.

http://www.cyberpresse.ca/arts/200910/04/01-908339-la-culture-quebecoise-connait-un-automne-exceptionnel-a-paris.php

Nuit blanche à Paris

Chouette soirée en compagnie de Bénédicte et Mathieu!

David lynche Goliath


Quelques coups de pédale jusqu'au galleries Lafayette - ce temple de la mode parisienne - pour faire le trottoir et jeter un oeil sur l'hommage au féminin d'un certain David Lynch ça vous tente? Moi, ça m'a pris (même si ça m'a pris du temps). Voyez-vous, j'ai peut-être cru que le monsieur se faisait du cinéma.

Ainsi, devant les vitrines de ce Goliath du consumérisme, rue Haussmann, une foule jacasse, courielle, fringue et marche au coude à coude. Les sacoches défilent aux bras des portefeuilles et ça valse. Faut dire qu'il est 17h un mercredi et que c'est l'endroit et l'heure. Après le travail les parisiens aiment bien aller prendre le café accessorisé d'un sac plastique.

Il y a bien une babouchka assise sur un sceau la main tendue et quelques rares passants qui sortent de la danse. Un instant ils s'arrêtent, oublient qu'ils ont affaires à faire et s'adonnent à un lèche vitrine nouveau genre. C'est que ces galeries là jouent présentement sur les deux tableaux. Animées de l'humble désir de sortir l'art des musées, de le démocratiser, les galeries Lafayette ont offert d'abriter l'autre registre de M. Lynch. C'est rafraîchissant pensent les uns, quelle magnanimité disent les autres. En effet, faire contre galerie d'art publicité gratuite c'est... tout à fait dans l'esprit!

Il n'y a pas qu'au cinéma qu'on rêve.