Paris n'aura porté le blanc que le temps de nous faire rêver. De neige, il n'y eut que quelques centimètres nous permettant de parcourir une route imaginaire de Paris à Montréal, de transposer momentanément le décor et de perdre la carte. Un petit cadeau avant le temps pour les uns, un emmerdement de plus pour les autres...
J'ignore si les Parisiens réalisent à quel point leur ville est belle sous la neige. À nos yeux, elle a le magnifique du rarissime lorsqu'elle s'offre dans sa robe des grands jours; celle dont elle se pare pour le bal de saison.
Timide, elle redevient humaine et se dévoile en se camouflant. Au milieu de la valse des flocons, les yeux grands ouverts, on arrive à peine à fixer le regard. Ça tourne et virevolte... La musique silencieuse de la rumeur du vent nous chante l'Ailleurs de ses périples nordiques. Toute en lumière, Paris se laisse charmer et sa robe haute-voltige. Elle danse, danse et danse encore.
Et puis plus rien... un long silence à peine audible dans le tumulte de la ville. Le carrousel s'éteint, les tremblements s'immobilisent...
Au coin de chez nous, en une nuit, on avait tout reconstruit à l'identique. Mais, au matin, Paris n'était plus la même d'avoir tant dansé avec le Nord. Les joues rouges, gorgée de la douce folie qui l'avait prise la veille, elle murmurait l'envie folle de s'abandonner à nouveau.
Au bout de quelques jours, descendant les marches de la scène qu'elle partageait avec son cavalier, Paris ne se doutait pas qu'il n'y aurait plus de bal. Du moins, pas avant la prochaine lune. Depuis, seul témoin de sa féérie, la neige est allée retrouver les larmes de la Seine... et nous attendons avec elle l'air des premiers violons.
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