Pris entre nature et culture, l'homme d'aujourd'hui semble inconfortable. Surtout celui qui porte le costard jusqu'à Copenhague pour poser et protéger ses arrières économiques dans les salons du Sommet de l'ONU sur le climat. Du fait, il semble s'y jouer un jeu bien curieux où personne n'ose se lever tout en se demandant s'il a bien raison de demeurer assis. Dans quelques jours, il faudra bien que quelque chose émerge de ce siège international... On ne prend pas une ville d'assaut sans revenir avec sa part du butin, non?
C'est justement là le paradoxe. Être bien assis sur sa chaise à Copenhague c'est être assis sur des "richesses" nationales, mais c'est surtout être assis dans la nature, dans le monde. Nous avons déjà entre les mains le butin qu'il nous faut, messieurs les ministres! Or, c'est vous qui risquez de permettre aux barbares de s'en emparer. Penser en terme dichotomique, opposer nature et culture, c'est déjà se poser hors du monde. Pourtant, la nature ce n'est pas ce qui est à l'extérieur de l'homme... c'est d'abord et avant tout l'homme lui-même.
Alors discutez tant que vous voulez, messieurs. Mais le vrai danger il est là, dans ce que votre langage ne permet pas!
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« L’opposition entre nature et culture […] gagne beaucoup en clarté dès lors qu’on la formule dans les termes, familiers aux biologiste, d’hérédité endosomatique et d’hérédité exosomatique. »
« Si l’on veut comprendre la structure du langage humain on ne prêtera jamais assez attention au fait qu’un enfant, faute d’être exposé à des actes de parole entre sa deuxième et sa douzième année, voir définitivement compromise toute possibilité d’acquérir le langage. Contrairement à ce qu’affirme une ancienne tradition, l’homme n’est pas de ce point de vue « l’animal doté de langage », mais plutôt l’animal qui en est privé et qui doit par conséquent le recevoir de l’extérieur. »
« S’il en va bien ainsi, il nous faut considérer d’une manière nouvelle la dualité dans l’espèce humaine d’une héritage endosomatique et d’une héritage exosomatique, d’une nature et d’une culture. Il ne s’agit pas d’une juxtaposition, supposant deux sphères distinctes sans communication entre elles, mais d’une duplicité déjà inscrite dans le langage même qui a toujours été considéré comme l’élément fondamental de la culture. Ce qui caractérise le langage humain, ce n’est pas l’appartenant à l’une ou l’autre sphère ; c’est sa position entre elles deux, c’est son articulation simultanée sur leur différence et sur leur résonnance. »
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