Ce qu'il y a d'allègre à Porto c'est avant tout... le porto. Qui plus est à 4 euros la bouteille! C'est donc avec ce nectare que je soulageai un mal de gorge naissant. Devant le magnifique du couchant, dans la cour de l'auberge, le temps semblait suspendu à nos lèvres. La discussion s'étirait et nous prenions un malin plaisir à l'alimenter du délicieux sirop. Toutefois, après avoir marché toute la journée dans les dédales de la vieille ville, la panse commença à se laisser penser. La scène ouvrant l'appétit et les fruits de mer comme le poisson étant ridiculement cher à Paris, c'est ce que je me suis proposé de cuisiner à ma tendre complice.
Au menu, un sauté de crevettes, pétoncles, poulpes et calmars sur un lit de pâtes nappé de sauce au porto blanc.
En soirée, nous avions prévu une sortie à la portugaise. Vin du Douro à la maison, pré-bar universitaire trois fois trop plein afin de socialiser une pinte à la main et, finalement, sortir danser dans un club en ville. Stepan (un ingénieur mécanique allemand installé à Zurich) nous accompagne. À zigzaguer dans les rues, il apparaissait évident que le vendredi appartenait aux jeunes.
Si le nombre de têtes en gigue sur le trottoir et dans la rue est représentatif de ce qui se meut dans les bars, il y avait foule ce soir là! En fait, rentrée universitaire oblige (un 16 octobre vous imaginez?), on nous dit que ce n'est pas coutume. Quoi que... Les portugais aiment faire la fête et, ici comme en Espagne, on se venge de la semaine en piétinant les plates-bandes de la nuit. À voir le nombre de constellations dans ce cosmos festif, à Porto aussi il y a les copains d'abord.
Dimanche ils se reposeront enfin, avant de tout reprendre en soirée afin de se livrer à un rituel estudiantin centenaire. À la rentrée, sous le portrait géant de Darwin qu'arbore l'université, les "premières années" comme tous les autres se déguisent en semblables en se parant du même accoutrement sombre et d'une cape. La nuit tombée, sous une lune d'argent, l'ambiance est à l'étrange. Le sfumato du secret d'un autre temps traîne dans les rues.
Le rituel remonte à la fin du XIXe siècle et cherche à établir un esprit de corps au sein de l'institution: au cours du long chemin académique, tous sont égaux. Pratiquement imperceptible, un ruban permet de distinguer les différents départements. Telle une meute de jeunes loups assoiffés, ils partiront ensuite scander leurs slogans dans les rues de la ville. À chaque département son palabre et ses gestes. La marche mènera aux tanières discrètes où les initiés pourront célébrer.
Place de la Libertad (où quelques statuts célèbrent le sacrifice des libéraux à l'hôtel monarchique), les "dernières années" se distinguent en portant le chapeau et la canne. À terme, ils détruiront leur couvre-chef pour symboliser le passage de la tour d'ivoire au "vrai" monde.
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