À la recherche du temps perdu

Ça m'apprendra à parler de tirer la plug, à photographier le cimetière et à traiter du temps qui passe... Depuis, deux auteurs québécois ont disparu dans les affres de l'arrière-monde et nous laisse, avec leurs traits d'encre, le soin de trouver le sens de ce qu'ils ont été.

Jeudi dernier on apprenait qu'Isabelle Fortier (le Dr. Jekyll de Nelly Arcan) se donnait la mort après avoir couché sur papier les dernières ponctuations de son ultime douleur. Un roman traitant du suicide. Il n'y a pas de saillie drôlatine qui sied à cet étrange retour des choses. Le ton ne s'y prête aucunement. Seulement, un profond malaise et une étrange chronique de mort annoncée nous laissant là, coupable d'être souvent trop spectateur. Je ne figurais pas sur la liste des fidèles lecteurs de cette curieuse écrit-veine, mais elle faisait partie de mon paysage culturel et représentait tout de même une frange de la profondeur littéraire québécoise. J'imagine que les racleurs de caniveaux des syndicats de l'in-formation vont nous vendre les détails de cette fin mystérieuse... mais peu m'importe puisque ce samedi une autre nouvelle m'a fauché. Coup sur coup, c'est la mort qui frappe. Toc toc.

L'une de mes premières influences d'hochage de bonnet et d'accent aiguë de "non monsieur" s'en est allé vers la liberté qu'il a tant et si bien désiré. En effet, Pierre, la liberté ce n'est pas une marque de yogourt! Falardeau, tu nous laisse avec l'incertitude de tes pointes saillantes. Et si tu n'était pas qu'un emmerdeur au langage fier, porteur de sacres et d'énonciations dénonciatrices au ton vulgaire? J'ignorais que le cancer te faisait danser un dernier tango. On sait souvent trop peu de chose de ceux qui se mettent bien en vue. J'aurais voulu que tu nous offres, toi aussi, un dernier leg. Ça fait une jambe, qu'on ne t'a pas vu derrière la caméra il me semble.

Bref, comme ça, parce qu'on est loin et qu'on y peu rien (même si la distance n'y fait que dalle) on a l'impression que c'est déjà dimanche et que tout arrête: prendre un moment pour penser ce qui nous a échappé et ce qu'on en gardera, pour la suite du monde...

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