Zizanie hors du métro

On dit qu'une image vaut mille mots. Celle-ci résume mon expérience sur le bitume de Paris. Plus précisément, elle incarne ce que sont les chauffeurs pour moi qui se promène en vélo: des ânes!

Bref, c'est partout pareil. Ouais, sauf qu'ici pullule une bestiole sur deux roues: le scooter. On s'en reparle de celle là...

Rock le casse bas



Avec le temps la mesure prend le dessus. Pas la mesure 1, 2, 3, 4... l'autre mesure. Celle qui, comme le bon vin, s'apprécie à coups de maturité. Je veux dire qu'elle prend le dessus sur la démesure des folles ambitions.

Aujourd'hui, je dois bien me l'avouer, mon rêve ne risque pas de se réaliser. Plus tard, je ne serai pas un groupe de rock. Je demeure bon joueur cependant. Je ne suis pas du genre à ne rien vouloir entendre. De la musique, j'en écoute! J'en écoute même pour ceux qui n'en écoute pas.

Conséquemment, partout où je passe la scène s'impose. Elle se pare pour mes oreilles, se fait belle et m'invite. L'effet est immanquable, partout je me laisse séduire et m'enivre des plaisirs auditifs des tribus locales. Mais voilà, il est là le problème... j'ai beau chercher dans le comptoir parmi les saveurs, je ne trouve pas la tricolore. Déjà que depuis mon arrivée la radio me saoule de soda-pop américain, il faudrait qu'en plus les planches me boudent du plaisir des découvertes à saveur de patrie?

Il n'y a pas à dire, après 23 jours il est temps de me mettre à table et de m'attaquer à la béchamel auditive. L'ethnologue de la musique que je ne suis qu'en fantasme doit donc saisir le cor français et sonner la charge. Je t'avertis, musique à béret, à côté de moi Claude Rajotte et Edgar Fruitier c'est de la petite bière, voir même de la bière française!

À suivre...

À la recherche du temps perdu

Ça m'apprendra à parler de tirer la plug, à photographier le cimetière et à traiter du temps qui passe... Depuis, deux auteurs québécois ont disparu dans les affres de l'arrière-monde et nous laisse, avec leurs traits d'encre, le soin de trouver le sens de ce qu'ils ont été.

Jeudi dernier on apprenait qu'Isabelle Fortier (le Dr. Jekyll de Nelly Arcan) se donnait la mort après avoir couché sur papier les dernières ponctuations de son ultime douleur. Un roman traitant du suicide. Il n'y a pas de saillie drôlatine qui sied à cet étrange retour des choses. Le ton ne s'y prête aucunement. Seulement, un profond malaise et une étrange chronique de mort annoncée nous laissant là, coupable d'être souvent trop spectateur. Je ne figurais pas sur la liste des fidèles lecteurs de cette curieuse écrit-veine, mais elle faisait partie de mon paysage culturel et représentait tout de même une frange de la profondeur littéraire québécoise. J'imagine que les racleurs de caniveaux des syndicats de l'in-formation vont nous vendre les détails de cette fin mystérieuse... mais peu m'importe puisque ce samedi une autre nouvelle m'a fauché. Coup sur coup, c'est la mort qui frappe. Toc toc.

L'une de mes premières influences d'hochage de bonnet et d'accent aiguë de "non monsieur" s'en est allé vers la liberté qu'il a tant et si bien désiré. En effet, Pierre, la liberté ce n'est pas une marque de yogourt! Falardeau, tu nous laisse avec l'incertitude de tes pointes saillantes. Et si tu n'était pas qu'un emmerdeur au langage fier, porteur de sacres et d'énonciations dénonciatrices au ton vulgaire? J'ignorais que le cancer te faisait danser un dernier tango. On sait souvent trop peu de chose de ceux qui se mettent bien en vue. J'aurais voulu que tu nous offres, toi aussi, un dernier leg. Ça fait une jambe, qu'on ne t'a pas vu derrière la caméra il me semble.

Bref, comme ça, parce qu'on est loin et qu'on y peu rien (même si la distance n'y fait que dalle) on a l'impression que c'est déjà dimanche et que tout arrête: prendre un moment pour penser ce qui nous a échappé et ce qu'on en gardera, pour la suite du monde...

Tirer sur la plug...

Avant de venir nous poser de ce côté-ci du globe, nous avons eu le plaisir de vivre une dernière soirée avec les copains montréalais. Pour la peine, nous avons déniché un concert acoustique de Karkwa au Lion d'Or. Luc, Isa, Joe, Chloé, Marco et sa douce, Jé, Honnnney, Virginie, Mélanie, Julien : ce fut une soirée mémorable. Merci encore!

Pauvres riches




La richesse n'est pas une somme établie sur la base de laquelle on peut dire qu'Untel est riche parce qu'il gagne plus de tant, et que Machin est pauvre parce qu'il n'y arrive pas. La richesse est une condition relative: est riche celui qui gagne plus qu'il ne dépense et, inversement, est pauvre celui qui a des exigences supérieures à son revenu.

Mais alors pourquoi les riches veulent-ils toujours s'enrichir... davantage?

De la grande Dame à la rive gauche



Notre premier diapo...

Cliché hot avec ton café







Je ne sais pas pour vous, mais il m'arrive de me sentir exactement comme ça... exactement comme si tout allait bien, mais vraiment pas comme c'était supposé... J'ai donc trouvé mon café pour ces jours là: le Snax Kafé au 182 Saint-Martin dans le 4e arrondissement!

À la bonne heure!

Quand je veux demander l'heure j'utilise une de ces formules toutes prêtes auxquelles je ne réfléchis même pas deux secondes. Ainsi, je demande "quelle heure est-il?". Cependant, le regard porté sur ce montage devant la Gare Saint-Lazare, j'ai soudainement eu un flashback. Un souvenir d'une époque où j'entendais souvent demander "quelle heures as-tu?". Je ne peux en être certain et affirmer que l'ensemble des mortels préférait cette formule, mais devant cette curiosité, je me souviens clairement de mon père l'utiliser et de quelques amis aussi.

"L'heure pour tous" (c'est ainsi qu'elle se nomme cette chose) est supposée rappeler aux voyageurs qu'ils ont tous un train à prendre à une heure précise. Depuis mon arrivée, la réalité des fuseaux horaires devient soudainement plus vive. Je suis à +1 heure et le Québec est à -5 heures alors que mes amis de Nouvelle-Zélande et ceux du BC... Il me semble soudainement que tout le monde a une heure différente, une heure bien à lui.

Je me demande sérieusement pourquoi on demandait "quelle heure as-tu?" à l'époque puisque nous avions toujours tous la même.

Je me souviens aussi que la seule question de temps que je me posais alors était celui qu'il faisait dehors...

Un dimanche à Paris, loin de Kigali

Le dimanche à Paris c'est sacré... Bon ce n'est pas sabbat pour tout le monde, mais c'est quand même important. La majorité des commerces sont fermés et même dans cette métropole effervescente, les gens semblent prendre le temps d'avoir le temps.

Les premiers septièmes jours on galère un peu, c'est vrai. Puis, on prend l'habitude et on planifie. Il faut penser à sa réserve de nourriture et anticiper. Vous réalisez ce que j'écris là? Il faut planifier pour s'offrir une journée de repos. Dans quel monde cynique est-ce que se reposer demande un effort?

Honnêtement j'ignore ce qui nous a pris d'accepter que ce soit différent chez nous, au Québec. Certes, nous avons une histoire compliqué avec l'Église et nous avons en mémoire ce passage tranquille vers une modernité toute neuve qui a germé à l'ombre de l'industrie. Reste que je me demande sincèrement pourquoi diable a-t-on totalement plié l'échine devant le dieu du commerce et ses sbires?

Pourquoi ne même pas voir que l'on se retire le droit de prendre le temps au nom de celui d'être consommateur? Inutile de lancer un débat de société ou une consultation populaire qu'affectionnent tant les libéraux. On parle trop, prenons une pause, une vrai (pas une Kit-Kat).

JOURNÉE INTERNATIONALE DES MAJUSCULES CADENASSÉES


IL FAUT DE L'INITIATIVE DANS LA VIE ALORS VOILÀ! J'AUTOPROCLAME QU'EN CE JOUR D'AUJOURD'HUI, ET CE POUR CHACUNE DES 24H QUI S'EN SUIVENT, NOUS CÉLÉBRONS LA JOURNÉE INTERNATIONALE AUTOPROCLAMÉE DES MAJUSCULES CADENASSÉES.

LONGUE VIE À LA TOUCHE DE MAJORATION DES CARACTÈRES TYPOGRAPHIQUES!!

Hic et nunc

Lentement, du moins assez lentement pour respecter l'idiosyncrasie de celui qui s'appuie sur ce clavier, je déploie de nouvelles habitudes. Ainsi, il m'arrive de plus en plus souvent de me rendre boulevard Raspail (là où plafonnent les hautes études en sciences sociales). Afin d'éviter le vertige de ces études qui n'en finissent plus, ils ont installé la bibliothèque au premier étage. C'est pratique et ça me convient tout à fait. J'y pose la tête quelques heures; j'y triture les méninges de quelques auteurs. Précisément, à pleine page, ce que j'y fais me regarde et me dévisage. Je ne ferai donc pas l'erreur de prendre cet espace pour un palais aux miroirs. Laissez-moi plutôt me complaire à la sublimation de mes neurones et m'adonner - moderato cantabile - à la mélodie du paysage à l'aller et au retour.

Enfourchant ma bécane écologique à propulsion lente je bifurque au coin de ma rue, passant devant les troquets où une foule matinale défile en petites grappes. Rue de la Roquette le bitume s'étend en pente douce alors qu'alterne les parfums : pain frais, poulet en rôtissoire, fleuriste, pain frais... Il me semble que le temps s'étire avec une aisance toute particulière.

Cavaler sur deux roues n'est pourtant pas chose facile. Tout d'abord, on peine à trouver les indications routières et les feux de circulation. Ensuite, il faut jouer du coude entre toute cette ferraille nerveuse que mènent avec fatuité les pousse-crayons, bureaucrates et autres "costardises parisiennes". Place Léon Blum, je souffre un peu du voisinage de ces animaux dénaturés.

Il me suffit pourtant de penser à ce qui m'attend un peu plus loin pour persévérer avenue Ledru-Rollin et rejoindre enfin la piste cyclable. Alors que défilent toutes ces bagnoles, je me fais mon cinéma : travelling en fondus enchaînés. Quel film que celui qui accompagne la mélodie du cours au long boulevard. Vercors y trouverait la collection d'objets la plus inénarrable.

Une droite et je devine la Seine toute proche. Une gauche et je passe le Square Barye (pensée cynique pour le Square Berri). De l'autre côté de l'île Saint-Louis je m'arrête un instant sur le pont de Sully pour respirer et laisser l'horizon s'imprimer sur mes rétines (voir photo tout en haut). Je réalise une fois de plus toute cette chance que j'ai... Cleptomane, j'ai les yeux pick-pockets et je vole un peu de cette ville encore arborescente de curiosités.

Sénèque le Jeune

Permettez-moi de partager ces mots que j'aurais dû lire au cimetière Père Lachaise parmi mes voisins tranquilles...

"Les gens affairés ne savent pas vivre. Il est vrai qu'il n'est pas de science plus difficile. Ceux qui enseignent toutes les autres sont nombreux partout ; on a vu des enfants les apprendre si bien qu'ils étaient capables de les enseigner à leur tour. Mais il faut apprendre à vivre tout au long de sa vie, et, ce qui peut-être t'étonnera davantage, il faut, sa vie durant, apprendre à mourir. Nombreux sont les hommes de très haute valeur qui ont écarté tous les obstacles en renonçant aux richesses, aux fonctions, aux voluptés, pour travailler jusqu'à l'extrême limite de leur vie à acquérir cette seule connaissance : comment vivre ? Pourtant, plusieurs d'entre eux ont avoué qu'en quittant la vie ils ne le savaient pas encore.

Ne va donc pas croire que des cheveux blancs et des rides prouvent qu'un homme a longtemps vécu : il n'a pas longtemps vécu, il a longtemps été. Quoi, te diras-tu qu'un homme a beaucoup navigué parce qu'une violente tempête l'a surpris à la sortie du port, l'a porté cà et là dans la tourmente furieuse de vents différents et promené en cercle sur la même étendue de mer ? Il n'a pas beaucoup navigué : il a seulement été beaucoup ballotté.

Et peut-il y avoir quelque chose de plus insensé que les idées de ceux qui se vantent d'être prévoyants ? Ils sont encore plus laborieusement occupés ! Afin de pouvoir mieux vivre, ils dépensent leur vie à l'organiser. Ils forment des projets à très long terme ; or, le plus grand gaspillage de la vie, c'est l'ajournement : car il nous fait refuser les jours qui s'offrent maintenant et nous dérobe le présent en nous promettant l'avenir. Le plus grand obstacle à la vie est l'attente, qui espère demain et néglige aujourd'hui. C'est de ce qui est entre les mains de la fortune que tu veux disposer, alors que tu lâches ce qui est entre les tiennes. Où regardes-tu ? Vers quel lointain vont tes pensées ? Tout ce qui est censé arriver relève de l'incertain : vis tout de suite.

Les plus grands bonheurs sont inquiets... car tout ce qui vient du hasard est instable... Elle est donc forcément bien malheureuse, et non pas seulement brève, la vie de ceux qui acquièrent à grand-peine ce qu'ils auront encore plus de peine à conserver. C'est laborieusement qu'ils obtiennent ce qu'il désirent ; c'est dans l'anxiété qu'ils protègent ce qu'ils ont obtenu. Pourtant, ils ne prennent pas en compte le temps qui jamais plus ne reviendra : de nouvelles occupations se substituent aux anciennes, l'espoir suscite l'espoir et l'ambition, l'ambition. On ne cherche pas la fin de ses misères, on en change le sujet..."

Maîtriser son anglais...

Il n'y a rien de plus drôle que d'écouter un parisien parler anglais...
Ce n'est peut-être qu'un mythe, mais au moins on Québec on cherche à maîtriser l'anglais!

Bouillonnement et quête

Évidemment, avoir du temps permet de papillonner... J'ai tant à voir et tant à faire que, lentement, j'ai un peu l'impression de ne plus m'appartenir: partagé que je suis entre le désir d'explorer les lumières de cette ville et la faim intellectuelle qui m'a prise en y arrivant. Je voudrais avoir du temps pour tout. Mon penchant montréalais pour la vie culturelle ne m'échappe pas non plus, mais ce qu'il y a de meilleur c'est tout simplement de flâner dans Paris. Partir avec un livre et laisser ses pas porter sa tête-bocal. Jouer à se visser une caméra entre les épaules et chasser le coup d'oeil, l'insolite, l'extase du moment (aussi simple soit-il).

En fait, je passe mon temps à noter pour moi-même l'anecdotique événement sociologique. C'est tellement plus facile de prendre ce recul ailleurs que chez soi. Récemment, je n'arrive même plus à tout mettre en mots tellement ça bouillonne...

Par exemple:

À force de tergiversations pédestes j'ai récemment pensé écrire un traité sur l'art stratégique de la quête dans les grandes villes. Pardonnez mon ironie, mais après tant d'exposition au gaz vaporeux de la mendicité le corps (et l'esprit surtout) développe une forme de tolérance. En fait, tolérance n'est pas le mot juste.

Le mot juste se fait toujours attendre, mais en attendant ce Godot lexical nous pourrions dire qu'il s'agit d'une stratégie de l'âme qui persévère dans l'être (demandez à Spinoza qui m'accompagne par les temps qui courent). Une stratégie qui permet de résister au spectacle impossible de la chute et à sa répétition à outrance. On a parfois l'impression que tout le monde a quelque chose à demander... que les quêtes ne sont vraiment pas toutes portés par l'esprit, mais que beaucoup se limitent aux mains...

Je vous laisse avec quelques exemples sordides de ce plaisir bourgeois que serait le recensement de l'art de la quête:

- Dans le métro, passer de wagon en wagon en distribuant flatteries et compliments la main tendue. N'oubliez personne et profitez de la vanité des gens comme de la grisaille des villes pour mettre un peu de soleil et leur faire oublier ce que vous demandez en retour...

- Sur le trottoir, placer son chien affamé devant un bol vide et une affiche "j'ai faim". Étonnamment, l'animal attire beaucoup plus d'empathie que sont maître qu'on juge rapidement responsable de son état.

- La variante bébé est aussi à considérer. Il s'agit d'une stratégie choc... Le mieux c'est tout simplement de placer le poupon sous le nez de votre "victime" et d'attendre. Difficile de résister devant l'innocence.

- Ciblez les sites touristiques et, comme vous avez passé de nombreuses l'années à quémander aux parisiens, passez dans la foule en demandant "Do you speak english?". Il s'agit d'un excellent moyen pour trier la clientèle: les touristes ont de l'argent neuf!

Vous constaterez qu'il y a peu je reprochais aux parisiens de choisir de ne plus voir. Je me permet maintenant une précision: je ne détourne pas le regard (il s'agit d'un minimum d'humanité que de reconnaître son prochain), mais par l'esprit je déforme l'essence de la situation pour me la rendre supportable. Je sais c'est horrible... à chacun ses monstres.

... et vous comment faites-vous?

Voyage voyage

Voilà, je fais appel à vous parce que j'aimerais bien vous lire ici et parce que nous cherchons une destination à découvrir en Europe avant de commencer les cours... Parlez-nous de vos coups de coeur!

Pour ne pas que l'oreille te tombe

Mais qu'est-ce qu'ils ont tous à se tenir l'oreille? C'est au retour d'une mission en ville que je me met à remarquer... Les parisiens ont une oreille qui décolle. Il suffit de regarder autour pour les voir tenter de retenir leur oreille aérienne. Au moment où on les croise dans la rue, elle est parfois déjà loin. Elle plane et butine de lèvres en lèvres. Ils ont l'oreille frivole, ça ce voit.

C'est à faire sourire le spinoziste que je ne suis jamais qu'un peu pour l'avoir lu: un simple affect ouvre souvent les portes de la perception. Attendez que je m'explique, vos points d'interrogation décolleront eux aussi. (ahh la technologie!)

Hier, à l'heure où l'on se cherche des poux, je suis parti à la chasse à la puce... à la puce téléphonique. Étant donné l'impossible téléphone fixe dans notre réduit et cette satanée dépendance à l'accessibilité, j'estimais nécessaire de me rendre phonable. J'avais avec moi, la bestiole qui m'a jadis servi à découvrir la joie pesante du tout-communiquant. Pourquoi ne pas la recycler ce purge-portefeuille?

Chez FranceTélécom, renommé Orange (??) depuis quelques années, je découvre que la puce et la bestiolophone ne copulent pas d'un continent à l'autre. Leur française ne veut rien savoir de mon américain. Il me faudra débloquer mon américain pour le rendre plus réceptif et, ça, on ne fait pas partout. Il faut consulter des spécialistes, m'assure-t-on. Je demande et on m'oriente. Il faut aller at "ze fun house".
- Vous dites?
- Il faut aller at the phone house, une boutique quoi!
- Ahhh...

Sur place je constate rapidement qu'il sera moins onéreux de remplacer ce qui - de toute façon - est programmée pour l'être: la technologie. J'hésite puisque c'est tout de même contre un de mes apparemment nombreux (mais fluctuants) principes que de gaspiller ainsi. Reste que devant les phares du présentoir, je dois afficher quelque chose comme un regard de chevreuil. Évidemment, le vendeur reconnaît une proie et bondit sur l'occaz pour m'offrir "la deal du siècle". Rien de moins. Un cellulaire avec carte à puce pour 9Eur TTC (et crédit de 5Eur sur le compte)! Planant!!

Eh bien, c'est en revenant sur mes pas que je constatai à quel point ils sont nombreux à se retenir l'oreille. Si l'occasion fait le larron, pas surprenant qu'ils soient aussi prompt à la voltige ces parisiens...

Dans mon angle mort...

Vous demanderez à qui voudra bien répondre, se promener à Paris relève de la course à obstacle. Du pigeon à la décharge canine en passant par celles qui n'ont d'entourage que leur cellulaire (branchée en dialyse et présente en absence), du Schumacher en mobilette aux travaux qui attendent l'auto-réalisation en passant par ces vapeurs chaudes d'hommes aux dents pourris, aux mains tendus...

Côtes normandes à la veille du jour J, les sens sont constamment bombardés. L'incommensurable plaisir esthétique frôle toujours le malaise éthique. Pourtant, le parisien semble contrôler ce paradoxe occulaire. Tout à la fois aveugle et inquisiteur, il s'installe sur les terrasses opulentes pour s'offrir l'agrément du spectacle publique de ce qu'il peut y voir. Toutes chaises tournées vers le carrefour, c'est un drôle de cabaret que celui qui s'installe en marge d'une rue.

Et moi? Quel plaisir tout de même que de se permettre d'être ce promeneur, cet étranger pour qui tout semble nouveau et étrange, beau et choquant...

Pardon?

C'est ça oui, qu'on se demande pourquoi il est plus facile de prendre l'accent parisien que de se répéter ad vitam eternam et avoir le plaisir des contorsions de faciès d'une tête de noeud qui, du coup, tente de vous faire passer pour un imbécile incompétent de la campagne du 16e siècle...

- C'est joli votre accent...

En fait, on aimerait surtout qu'ils fassent comme s'ils ne remarquaient rien et s'entêtaient à vivre leur petite vie de nombril à nous laisser tranquille avec leurs remarques. Remarquez, c'est peut-être de notre complexe de colonisés dont il est principalement question dans ce cas précis.
Le parisien est-il chiant parce que je le rends chiant?
S'il fait chier dans une forêt où personne ne peut l'entendre...?
Je suppose qu'en bon élève du british-politesse je dois prendre une part du blâme. Après tout ça fait aussi parti de mes deux solitudes...

You know what? Peut-être que je vais simplement m'en foutre parce que je découvre aussi que c'est autrement plaisant que de vivre ici, ailleurs. Il y a quelque chose dans l'air. Pour la première fois depuis trop longtemps, je suis tombé dans un livre de sociologie sans pouvoir le lâcher et je me surprends à en demander plus. J'ai faim quoi.

Oui, Paris est une belle ville pour penser et étudier. On peut réellement se faire croire qu'on y est au centre du monde. :-p

Retour sur l'arrivée

Nous y voilà! Après un marathon de 13h d'avion de transit et de vol en nid de coucou, j'arrive. Rien a signaler sinon les zélés de ricains (eh oui, je suis déjà résigné à prendre les expressions locales) qui me tartinent sur la question d'un départ de plus de 90 jours. Le pire c'est que ce ne sont même pas les douaniers qui me triturent ainsi, mais bien les gentilles préposées de US Airways! Consultation du supérieur hiérarchique: "eh non on ne peut vous laisser prendre ce vol monsieur, ce serait cautionner une tentative d'immigration illégale"!

- Non mais..! vous vous croyez meilleur que les douaniers?
- ...
- Je ne compte pas demeurer en France tout ce temps. J'ai vérifié auprès du consulat à Montréal et tout est OK.
- Si vous ne me fournissez pas de preuve de transport hors de la France sur le champ, je vous retourne sur Montréal monsieur!

Bref, j'ai dû changer la date de mon retour avec US fuckingways pour décoller et ne pas manquer leur bateau aillé... et ça ne m'a coûté qu'un maigre 250$US pour changer inutilement la date, putain!

Il me faudra trouver une solution. Soit, reporter le départ dans les jours suivant mon arrivée pour faire ce qui me plaie. D'ailleurs, selon leur propre expression, all I am risking is "to be placed on a plane to go back in Canada" if they find out I'm staying longer without a visa. Considérant qu'ils vont le découvrir à l'aéroport le jour de mon départ, j'ai très peur... Soit appliquer pour un visa d'ici sans mes papiers et vivre l'expérience bureaucrate à la française. Soit exhiber mes droits auprès de ladite compagnie pour qu'on let it be et me rembourse.

Enfin, j'ai passé une superbe journée avec ma douce et belle Nadia. Paris nous va comme un gant! Bon d'acc un vieux gant usé d'histoire et d'efforts à en suer, mais on y est très très bien même si ça pue souvent. Vous devriez voir notre studio! C'est vraiment le pied!!

On reconnecte bientôt...